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SEDLINSKY, à deux policiers, leur désignant l’attaché français.

Reconduisez Monsieur.
Reconduisez Monsieur.(À l’attaché.)
Reconduisez Monsieur.Vous, dans cette aventure ?
Votre gouvernement le saura.

LE DUC, s’avançant vivement.

Votre gouvernement le saura.Je vous jure
Que Monsieur n’est pas du complot, et je ne puis…

L’ATTACHÉ.

Oh ! pardon ! maintenant qu’on arrête, j’en suis !

LE DUC, lui serrant la main avant qu’on ne l’emmène.

Au revoir donc !
Au revoir donc !(À Sedlinsky, avec mépris.)
Au revoir donc !Allons, policier, fais du zèle !

SEDLINSKY, à deux autres agents, en leur montrant la Comtesse.

Vous, vous ramènerez le faux prince… chez elle.

(Deux hommes s’avancent et vont empoigner brutalement la Comtesse.)
LE DUC, d’une voix qui les fait reculer.

Avec tous les égards qu’on me doit !

LA COMTESSE, tressaillant à cette voix impérieuse.

Avec tous les égards qu’on me doit !Ce ton bref !…
(Elle se jette dans ses bras en pleurant.)
Ah ! malheureux enfant, tu pouvais être un chef !

(Elle sort, suivie de deux policiers.)
SEDLINSKY, affectant de ne pas regarder le reste des conspirateurs.

Pour les autres… fermons les yeux !… qu’on en profite !
(Les conspirateurs chuchotent entre eux.)

L’UN D’EUX.

Je crois…

UN AUTRE, hochant la tête avec gravité.

Je crois…… Dans l’intérêt du parti…

UN TROISIÈME.

Je crois…… Dans l’intérêt du parti…Filons vite !

(Leur nombre diminue immédiatement. Le reste sort avec une lenteur plus décente. D’Otrante a pris le bras de Marmont. Ils causent avec de grands gestes nobles. On entend :
… Se réserver… Plus tard… Le moment opportun…
(Et il n’y a plus personne.)

FLAMBEAU, à Sedlinsky.

Et maintenant, rouvrez les yeux !… Il en reste un !