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LE DUC, avec une fièvre joyeuse.

Empereur !

FANNY, plaisantant.

Empereur !C’est cela, le carrosse du Sacre,
Tout de suite !

LE DUC.

Tout de suite !Et l’on trouve à ce portail ?

FANNY.

Tout de suite !Et l’on trouve à ce portail ?Un fiacre.

LE DUC.

Hein ?

FANNY.

Hein ?Très bien attelé ! Ne sois pas inquiet !

LE DUC.

Et qui me mène ?

FANNY.

Et qui me mène ?Au lieu de rendez-vous !

LE DUC.

Et qui me mène ?Au lieu de rendez-vous !Qui est ?

FANNY.

À deux heures d’ici — c’est vrai, ça vous écarte, —
Mais la comtesse y tient Wagram !

LE DUC, souriant.

Mais la comtesse y tient Wagram !La Bonaparte !
— Et Prokesch ?

FANNY.

— Et Prokesch ?Prévenu par moi. Sera là-bas.

LE DUC.

Et Flambeau ? Vais-je le revoir ?

FANNY.

Et Flambeau ? Vais-je le revoir ?Je ne sais pas.

(Tout en causant, elle l’a conduit vers la gauche. Il y a, de ce côté, au pied d’une grande urne antique d’où retombent de longues branches de lierre, un tas de décombres parmi des touffes d’herbe. Un fût de colonne, au coussin de mousse, offre une sorte de siège, et — près d’un fragment de bas-relief posé sur le sol, à plat, comme une large dalle — la tête énorme et barbue d’une statue cassée ouvre ses yeux blancs et sa bouche d’ombre.)

Il faut attendre… Asseyons-nous, au clair de lune,