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GENTZ, très tranquillement, croquant un bonbon.

Vous venez de vous vendre encore.Au plus offrant.

METTERNICH.

Mais pourquoi cet argent ?

GENTZ, respirant un flacon de parfum.

Mais pourquoi cet argent ?Pour faire la débauche !

METTERNICH.

Et vous passez pour mon bras droit !

GENTZ.

Et vous passez pour mon bras droit !Votre main gauche
Doit ignorer ce que votre droite reçoit.

METTERNICH, apercevant les bonbonnières et les flacons.

Des bonbons ! des parfums ! Oh !

GENTZ.

Des bonbons ! des parfums ! Oh !Cela va de soi.
J’ai de l’argent : bonbons, parfums. Je les adore
Je suis un vieil enfant faisandé.

METTERNICH, haussant les épaules.

Je suis un vieil enfant faisandé.Pose encore,
Fanfaron du mépris de soi-même !…
Fanfaron du mépris de soi-même !…(Brusquement.)
Fanfaron du mépris de soi-même !…Et Fanny ?

GENTZ.

Elssler ?… Ne m’aime pas. Oh ! je n’ai pas fini
D’être grotesque.
D’être grotesque.Montrant un portrait du duc de Reichstadt.
D’être grotesque.C’est le duc dont elle est folle.
Je suis un paravent qui souffre, — et se console
En songeant qu’après tout, il vaut mieux, pour l’État,
Que le duc soit distrait. Je fais donc le bêta :
J’escorte la danseuse en ville, à la campagne.
Elle veut que ce soir, ici, je l’accompagne
Pour surprendre le duc.

METTERNICH, qui pendant ce temps a signé diverses pièces.

Pour surprendre le duc.Vous me scandalisez !

GENTZ.

Ce soir la mère sort. Il y a bal.
(Il lui tend une lettre prise dans son portefeuille.)
Ce soir la mère sort. Il y a bal.Lisez.