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(Il reprend sa promenade.)
À leur barbe ! — à Schœnbrunn !… Je me trouve insensé !
Je suis content ! Je suis ravi !
(On entend un bruit de clef dans une serrure, à droite.)
Je suis content ! Je suis ravi !Je suis pincé !



Scène VIII

FLAMBEAU, METTERNICH.
FLAMBEAU, bondissant hors du clair de lune et se réfugiant dans l’ongle sombre au fond, à gauche.

Qui donc s’est procuré la clef ?
(La porte s’ouvre.)

METTERNICH, entre. Il a pris en traversant un des salons un lourd candélabre d’argent tout allumé dont il s’éclaire. Il referme la porte en disant d’un ton résolu.

Qui donc s’est procuré la clef ?Non, cette scène
Ne se reproduira jamais !

FLAMBEAU, le reconnaissant avec stupeur.

Ne se reproduira jamais !Népomucène !

METTERNICH, allant vers la table et bas, d’un air préoccupé.

Oui… ce soir… lui parler… sans témoin importun…
(Il pose le candélabre sur la table, et, en le posant, voit le petit chapeau.)
Tiens ! je ne savais pas que le duc en eût un.
(Souriant.)
Ah ! c’est l’archiduchesse encor qui dut lui faire
Passer ce souvenir…
Passer ce souvenir…(S’adressant au chapeau.)
Passer ce souvenir…Te voilà, — Légendaire !
Il y avait longtemps que…
Il y avait longtemps que…(Avec un petit salut protecteur.)
Il y avait longtemps que…Bonjour !
(Ironiquement, comme si le chapeau s’était permis de réclamer.)
Il y avait longtemps que…Bonjour !Tu dis ?… Hein ?…
(Il lui fait signe qu’il est trop tard.)
— Non ! Douze ans de splendeur me contemplent en vain
Du haut de ta petite et sombre pyramide :