Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène VI

FLAMBEAU, puis un domestique et SEDLINSKY.
FLAMBEAU, entrant à droite.

Voici l’heure.
Voici l’heure.(Il descend en regardant autour de lui.)
Voici l’heure.Signal ! y es-tu ?… Hum !… Peut-être ?…
(Il répète solennellement, imitant les intonations du Duc.)
« Flambeau, tu ne peux pas ne pas le reconnaître ! »
(Il cherche.)
Est-ce en haut ? est-ce en bas ? — Est-ce noir ? est-ce blanc ?
— Est-ce grand ?… ou petit ?…
(En cherchant, il arrive devant la table, aperçoit le chapeau, sursaute.)
— Est-ce grand ?… ou petit ?…Ah ! le…
(Et avec un sourire de ravissement, faisant le salut militaire.)
— Est-ce grand ?… ou petit ?…Ah ! le…Petit et grand !
(Il remonte vers la fenêtre.)
Mais la Comtesse, au fait, du fond du parc, me guigne,
Si le signal est là, je dois lui faire signe.
(Il a déjà tiré son mouchoir de sa poche pour l’agiter, mais il le rentre vivement.)
Oh ! non ! un drapeau blanc la fait se trouver mal !

UN DOMESTIQUE, traversant la pièce, une petite lampe à la main, et se dirigeant vers l’appartement du duc.

La lampe de travail du duc…

FLAMBEAU, bondissant et la lui prenant des mains.

La lampe de travail du duc…Mais, animal,
Elle file ! Il lui faut un peu de brise fraîche !
(Il sort sur le balcon.)
On lève en l’air trois fois… On arrange la mèche…
(Il tourne soigneusement la petite clef et rend la lampe au domestique.)
Et ça va !… comprends-tu ?

LE DOMESTIQUE, s’éloignant en haussant les épaules.

Et ça va !… comprends-tu ?Ce n’est pas malin !

FLAMBEAU.

Et ça va !… comprends-tu ?Ce n’est pas malin !Si.