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LE DUC.

Mon petit-fils, mon Franz ! Est-il vrai que le roi,
Si moi je paraissais, n’aurait qu’à disparaître ?

L’EMPEREUR.

Mais…

LE DUC.

Mais…Dis la vérité !

L’EMPEREUR.

Mais…Dis la vérité !Je…

LE DUC, lui mettant un doigt sur les lèvres.

Mais…Dis la vérité !Je…Ne mens pas !

L’EMPEREUR.

Mais…Dis la vérité !Je…Ne mens pas !Peut-être !

LE DUC, l’embrassant avec un cri de joie.

Ah ! je t’aime !

L’EMPEREUR, conquis et oubliant tout.

Ah ! je t’aime !Eh bien ! oui, sur le pont de Strasbourg,
Si, toi, tu paraissais, tout seul, sans un tambour,
C’en serait fait du roi !

LE DUC, l’embrassant encore plus fort.

C’en serait fait du roi !Je t’adore, grand-père !

L’EMPEREUR.

Mais tu m’étouffes !

LE DUC.

Mais tu m’étouffes !Non !

L’EMPEREUR, riant et se débattant.

Mais tu m’étouffes !Non !J’aurais bien dû me taire !

LE DUC, très sérieusement.

D’ailleurs le vent de Vienne est mauvais pour ma toux,
On m’ordonne Paris.

L’EMPEREUR.

On m’ordonne Paris.Vraiment ?

LE DUC.

On m’ordonne Paris.Vraiment ?L’air est plus doux.
Et s’il faut qu’à Paris pour moi la saison s’ouvre,
Je ne peux pourtant pas descendre ailleurs qu’au Louvre.