Page:Rostand, L’Aiglon, 1922.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quels mots a-t-on gravés ?
(Il a tiré un verre des basques de sa livrée.)

LE DUC, lisant sur le verre.

Quels mots a-t-on gravés ? « François, duc de Reichstadt ! »

FLAMBEAU, sortant de sous son gilet une assiette peinte.

Vous ne voudriez pas qu’il n’y eût pas l’assiette…

LE DUC, de plus en plus stupéfait.

L’assiette ?

FLAMBEAU, disposant tout sur la table à mesure que ça sort de ses poches.

L’assiette ?Le couteau ! — Le rond de serviette !
— Ah ! sur le coquetier, vous avez l’air ravi !
(Il avance un fauteuil.)
Le couvert est complet : Monseigneur est servi.

LE DUC, tombant assis.

Flambeau !

FLAMBEAU, avec un enthousiasme croissant.

Flambeau !Enfin, de tout ! — et des cravates roses
Où l’on vous voit brodé dans des apothéoses !
— Des cartes à jouer dont vous êtes l’atout !

LE DUC, éperdu, au milieu des objets qui pleuvent autour de lui sur la table.

Flambeau !

FLAMBEAU.

Flambeau !Des almanachs !

LE DUC.

Flambeau ! Des almanachs !Flambeau !

FLAMBEAU.

Flambeau ! Des almanachs ! Flambeau !De tout ! de tout !

LE DUC, éclatant en sanglots.

Flambeau !

FLAMBEAU.

Flambeau !Hein ? vous pleurez ? Nom d’un petit bonhomme !
(Il saisit le foulard qu’il a mis au dossier du fauteuil.)
Essuyez-vous les yeux avec le Roi de Rome !
(Agenouillé près du Duc et lui essuyant les yeux avec le mouchoir.)
Moi, je vous dis qu’on bat les fers lorsqu’ils sont chauds ;
Que vous avez le peuple avec les maréchaux ;
Que le roi, le roi même, à cette heure n’existe