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XIV

L’euthanasie

Or, après trois années, grâce à l’appoint fourni par les corps hydrogénés, la provision d’eau n’avait guère décru. Les provisions solides demeuraient abondantes et il en existait encore dans les autres oasis. Mais aucune trace de source ne s’était décelée, quoique Aria et Targ eussent sondé le Désert, infatigablement et à des distances énormes.

Le sort des Terres-Rouges troublait l’âme des réfugiés. Souvent, l’un ou l’autre avait lancé un appel dans le Grand Planétaire. Personne n’avait répondu. Le frère et la sœur poussèrent plusieurs fois leur voyage jusqu’à l’oasis. À cause de la loi inexorable, ils n’osaient atterrir, ils planaient. Aucun habitant ne daignait s’apercevoir de leur présence. Et ils virent que l’euthanasie accomplissait son œuvre. Beaucoup plus d’êtres que ne l’exigeait la règle avaient trépassé. Vers le trentième mois, à peine s’il demeurait une vingtaine d’habitants.

Un matin d’automne, Arva et Targ partirent pour un voyage. Ils comptaient suivre la double route qui reliait, depuis des âges immémoriaux, l’Équatoriale des Dunes aux Terres-Rouges. En