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neuves que celles des hommes d’avant l’ère radio-active !…

Comme il s’en revenait, rêveur, une secousse légère agita le sol. À peine s’il eut le temps de s’en apercevoir et déjà le calme immense retombait sur l’oasis. Mais Targ était plein de méfiance. Il attendit quelque temps, l’oreille penchée, aux écoutes. Tout demeurait paisible ; les masses grisâtres du site, profilées à la lueur poudreuse des étoiles, apparaissaient immuables, et dans le ciel, implacablement pur, l’Aigle, Pégase, Persée, le Sagittaire, inscrivaient, sur le cadran de l’infini, les minutes passagères.

— Me suis-je trompé ? songeait le veilleur… Ou bien la secousse serait-elle vraiment insignifiante ?

Il haussa les épaules, avec un léger frisson. Comment osait-il seulement penser qu’une secousse de la terre pût être insignifiante ? La plus infime est pleine du plus menaçant mystère !

Soucieux, il alla consulter les sismographes. L’appareil I avait enregistré la fine secousse, – un trait léger et à peine long d’un millimètre. L’appareil II n’annonçait aucune suite au phénomène.

Targ se rendit jusqu’à la maison des oiseaux ; on n’en conservait plus qu’une vingtaine. À son arrivée, tous dormaient ; ils dressèrent à peine la tête lorsque le veilleur fit jaillir la lumière. Donc, la secousse avait dû les agiter à peine, pendant un moment très bref, et ils n’en prévoyaient pas une seconde.