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LA BOUCHERIE DES LIONS

une nouvelle exploration de la crevasse et j’eus un peu plus de chance : une corniche se rencontra sur une des murailles, qui me donnait un nouveau point de départ. J’accrus considérablement ma descente et découvris un corridor en pente rapide, mais praticable, où je m’engageai. Un nouveau trou se présenta : j’y dardai la lueur de ma petite lampe à incandescence. Il était abrupt et funèbre. Je m’y risquai pourtant et, après plusieurs échecs, j’atteignis le fond. La chance — si on peut appeler cela la chance — voulut qu’il se présentât un deuxième couloir. D’abord en pente assez douce, il finit par se déceler fort roide et par se hérisser de pointes… J’avançais tout de même. La fièvre me brûlait les os ; je me moquais du danger. Une faible lueur apparut en bas ; je hâtai les opérations et, à quelques mètres du but, je dégringolai. Quand j’essayai de me remettre debout, j’avais très mal à la cheville droite : pour avancer, il me fallait ou sauter à cloche-pied ou ramper à trois pattes.

Le fond où je me trouvais était plutôt large Une lumière pénombrée y pénétrait par une fente où un homme aurait pu passer « en faisant la limande », d’autant plus qu’elle s’élargissait suffisamment, vers le haut, pour permettre l’insertion du crâne… Au moment où je clopinais vers cette fente, un grondement sourd, un rauquement plutôt, se fit entendre… Deux petits foyers phosphorescents apparurent… et je discernai une structure sur laquelle il n’y avait pas à se méprendre :