Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.
258
CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

— et le réconfortant qu’il prenait d’heure en heure ne suffisait pas à le soutenir. Ses torpeurs se prolongeaient de plus en plus. Il en sortait avec des yeux hagards, des mains tremblantes, un frémissement de tout le corps.

Il n’y avait plus aucun doute pour nous : il donnait véritablement de la vie ; l’enfant dormait maintenant d’un sommeil paisible ; on voyait sa petite poitrine s’élever et s’abaisser rythmiquement, ses jolies lèvres se recolorer, ses pauvres joues reprendre une nuance rose.

Enfin, l’aube se glissa, comme un reflet de perles et de coquillages, sur les peupliers de la rive. L’homme poussa un profond soupir, lâcha les mains du petit et murmura :

— Je suis à bout de forces… Mais il est sauvé !

Et, tandis que je poussais un cri de joie, tandis que ma femme pleurait de bonheur, il tomba dans un sommeil de plomb dont il ne s’éveilla que douze heures plus tard.

Il ne s’était pas vanté. L’enfant guérit avec une rapidité merveilleuse, à la profonde stupéfaction de Potain et de Debrême, — qui, d’ailleurs, ignorèrent tout : je devais le secret à notre sauveur.

Vous avouerez que, après une telle aventure,