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LE CLOU


Nous nous entretenions du merveilleux exploit du commandant Charval. Avec une vingtaine d’Européens et une centaine d’Arabes, il avait tenu tête pendant cinq jours à une innombrable harka désertique, jusqu’à ce que les troupes du colonel Darras fussent venues le délivrer.

— De la part de Charval, aucun acte énergique ne saurait m’étonner, dit pensivement Lagaille… Ce garçon-là est né pour les entreprises extraordinaires… Je ne connais personne qui ait à un plus haut degré le courage réfléchi. Il en a donné des preuves — et quelles preuves ! — à un âge où la conception héroïque de l’homme ne dépasse pas une partie de coups de poing ou de coups de pied dans le préau du collège. C’était en 1870. Un détachement prussien avait fait halte dans le village de Gérardval, à une portée de chassepot de la vague gentilhommière où je suis venu au monde. Il faut dire qu’à ce moment de la guerre le district grouillait de francs-tireurs. Tous les jours, il