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LA MORT DE LA TERRE

les oiseaux et les plantes étaient pour toujours à l’abri des maladies infectieuses.

Leur vie n’en était pas plus longue : beaucoup de microbes bienfaisants ayant disparu avec les autres, les infirmités propres à la machine humaine s’étaient développées, et des maladies nouvelles avaient surgi, maladies que l’on eût pu croire causées par des « microbes minéraux ». Par suite, l’homme retrouvait au-dedans des ennemis analogues à ceux qui le menaçaient au-dehors, et quoique le mariage fût un privilège réservé aux plus aptes, l’organisme atteignait rarement un âge avancé.

Bientôt plusieurs centaines d’hommes se trouvèrent réunis autour du Grand Planétaire. Il n’y avait qu’un faible tumulte ; la tradition du malheur se transmettait depuis trop de générations pour ne pas avoir tari ces réserves d’épouvante et de douleur qui sont la rançon des joies puissantes et des vastes espérances. Les Derniers Hommes avaient une sensibilité restreinte et guère d’imagination.

Toutefois, la foule était inquiète ; quelques visages se crispaient ; ce fut un soulagement lorsqu’un quadragénaire, sautant d’une Motrice, cria :

— Les appareils sismiques ne signalent rien encore… La secousse sera faible.

— De quoi nous inquiétons-nous ? s’écria la femme aux longs yeux. Que pouvons-nous faire et prévoir ? Toutes les mesures sont prises depuis les siècles des siècles ! Nous sommes à la merci