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LE CONDAMNÉ À MORT


C’était ma première cause importante, raconta l’avocat Basseterre : elle fut l’origine de ma fortune et de ma renommée. L’homme qui m’avait accepté pour défenseur venait de commettre un crime ignoble. Il avait assassiné deux vieillards, les époux Maillot, avec des raffinements de férocité. La femme, ayant survécu aux coups de talon dont il lui laboura le ventre, il lui maintint la tête dans un feu de cheminée, un feu qui brûlait mal, jusqu’à ce qu’elle cessât de hurler, de râler et de panteler.

La face de cet assassin marquait assez bien son caractère. Elle était courte par le front et le nez, longue par le développement furieux de la mâchoire inférieure. Des yeux ronds, des yeux de mandrill, phosphoraient sous des sourcils en moustaches. Les bras se terminaient par des pattes cramoisies, dont les ongles poussaient avec une rapidité fantastique, et qui surprenaient par leur envergure. Son crime lui avait rapporté dix-sept