Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
LA BATAILLE

même perpendiculaire, de façon à assurer une communication plus nette avec les corps détachés. De nombreuses batteries s’ébranlaient en même temps ; presque tous les dirigeables et les aéroplanes essaimaient l’étendue.

« C’est bien la bataille ! » pensa le généralissime.

Toutefois, de part et d’autre, on était encore hors de portée. Laufs, au reste, tenait à ne rien brusquer. Il fit envoyer, de son observatoire mobile, plusieurs télégrammes hertziens, ordonnant que l’artillerie ne tirât pas un seul coup de canon avant qu’il n’eût donné le signal de la bataille ; il prit des mesures analogues pour les tirailleurs d’avant-garde.

Dans l’heure qui suivit, les armées se trouvèrent presque à portée de canon. Les Turcs auraient pu avancer quelques grosses pièces, et commencer l’action : il valait mieux attendre.

« Si cet homme s’obstine dans sa folie, se dit Laufs-Pacha, il faudrait un miracle pour le sauver… »

Une chose continuait à l’étonner : c’est que, au fond de l’horizon, les corps détachés par l’ennemi poursuivaient leur incompréhensible manœuvre.

— Ceux-là vont se faire prendre comme des rats ! dit-il à l’aide de camp qui l’accompagnait…

Comme il parlait ainsi, un immense drapeau blanc se déploya sur une éminence, au front de l’armée austro-hongroise.