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CONTES. — PREMIÈRE SÉRIE

se rendre vaguement compte de la présence d’une force ennemie, étaient sacrifiés. Il avait donc fallu pourvoir au remplacement d’une méthode devenue préhistorique. Les Turcs et les Austro-Hongrois avaient leurs flottilles de dirigeables et leurs hordes d’aéroplanes. Ceux-ci, plus rapides, mieux abrités contre les caprices des météores, servaient aux incursions rapides. Les deux systèmes, à l’occasion, pouvaient combattre soit entre eux, soit contre les troupes terrestres : les aérostats comportaient de l’artillerie ; les aéroplanes laissaient choir des explosifs ou se livraient des combats au fusil et au revolver. Jusqu’à présent, la lutte aérienne avait été légèrement avantageuse aux Austro-Hongrois, malgré une petite infériorité numérique. Trois aéroplanes et deux dirigeables turcs s’étaient laissé surprendre et avaient été mis hors de combat.

Le 5 août, vers le déclin du jour, le feld-marschall von Eberhardt réunit son état major : malgré son optimisme, malgré son tempérament téméraire, il était inquiet. Les renseignements des éclaireurs lui montraient l’armée turque bien campée, bien armée et supérieure en nombre. Il n’était pas dans sa nature de biaiser. Il communiqua toutes les nouvelles qu’il avait reçues et conclut que seule une offensive rapide aurait raison de l’ennemi. Quelques officiers l’approuvèrent. D’autres gardèrent le silence, quelques-uns critiquèrent, avec courtoisie, mais fermement, les dispositions prises