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tout saisi, incapable d’agir. Je regardais ce visage délicieux, ces cheveux répandus sur mon bras, ces longs cils, cette fine bouche pâlie, et, pour la première fois, ma pitié prit un caractère dangereux. J’osai penser combien il était injuste que la destinée me condamnât à contrister cette aimable créature, si bien faite pour être heureuse et pour rendre heureux celui qu’elle serait libre d’aimer.

C’était déjà faire le procès à la destinée, et par là succomber à cette tentation du fruit défendu, si étrangère à ma nature.

Je ne m’y attardai point, d’ailleurs. Il était urgent de