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— Le fils du Léopard n’a-t-il pas rempli sa promesse ? Et le chef des Oulhamr remplira-t-il la sienne ?

Il désignait Gammla debout dans la clarté écarlate. Elle secoua sa grande chevelure. Palpitante d’orgueil, elle n’avait plus de crainte. Elle était dans cette admiration dont toute la horde enveloppait Naoh.

— Gammla sera ta femme comme il a été promis, répondit presque humblement Faouhm.

— Et Naoh commandera la horde ! déclara hardiment le vieux Goûn.

Il disait ainsi, non pour mépriser le grand Faouhm, mais pour détruire des rivalités qu’il jugeait dangereuses. Dans ce moment où le Feu venait de renaître, personne n’oserait le contredire.

Une approbation exaltée fit houler les mains et les visages. Mais Naoh ne voyait que Gammla : la grande chevelure, la vie des yeux frais parlaient le langage de la race ; une indulgence profonde s’élevait dans son cœur pour l’homme qui allait la lui remettre. Pourtant, il comprenait qu’un chef au bras débile ne pouvait commander seul aux Oulhamr. Et il s’écria :

— Naoh et Faouhm dirigeront la horde !

Dans leur surprise, tous se turent, tandis que, pour la première fois, Faouhm au cœur féroce se sentait envahir d’une confuse tendresse pour un homme non issu de ses sœurs.

Cependant, le vieux Goûn, de beaucoup le plus curieux des Oulhamr, souhaitait connaître les aventures des trois guerriers. Elles tressaillaient dans le cerveau de Naoh, aussi neuves que s’il les avait vécues la veille. En ce temps, les mots étaient rares, leurs liens faibles, leur force d’évocation courte, brusque et intense. Le grand Nomade parla de l’ours gris, du lion géant et de la tigresse, des Dévoreurs d’Hommes, des Mam-