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Les deux autres Dévoreurs d’Hommes s’étaient précipités sur Gaw, comptant le terrasser assez vite pour réunir leurs forces contre Naoh. Le jeune Oulhamr avait dardé une sagaie et blessé, mais faiblement, un des agresseurs. Avant qu’il eût pu frapper de l’épieu, il était atteint à la poitrine. Un recul rapide, puis un bond transverse, lui permirent de se mettre en garde. Tandis que l’un des Kzamms l’attaquait de face, avec vélocité, l’autre cherchait à le frapper par derrière : Gaw allait succomber, lorsque Naoh arriva. L’énorme massue s’abattit avec le bruit d’un arbre qui croule ; un Kzamm craqua et s’affaissa ; l’autre battit en retraite, vers un groupe de guerriers qui, débouchant au nord, s’avançait à grande allure.

Il était trop tard. Les Oulhamr échappaient à l’étreinte ; ils fuyaient vers l’ouest, le long d’une ligne où aucun ennemi ne leur barrait le passage ; à chaque bond, ils augmentaient leur avance.

Ils coururent longtemps, tantôt sur la terre sonore, tantôt sur la fange ou parmi les herbes sifflantes, tantôt dans la brousse ou dans les tourbières, tantôt gravissant les côtes et tantôt dévalant éperdument. Bien avant que le soleil fût au milieu du firmament, ils avaient six mille coudées d’avance. Souvent ils espérèrent que l’ennemi cesserait la poursuite, mais, lorsqu’ils atteignaient une cime, ils finissaient toujours par découvrir la meute acharnée des Dévoreurs d’Hommes.

Or Gaw s’affaiblit. Sa blessure n’avait pas cessé de répandre du sang. Quelquefois ce n’était qu’un filet insaisissable : malgré la galopade furieuse, la plaie semblait close ; puis, après quelques efforts plus brusques ou quelques faux pas dans une fondrière, le liquide rouge se mettait à sourdre. De jeunes peupliers s’étaient rencontrés, Naoh avait construit un tampon de feuilles ; mais la blessure continuait à saigner sous le bandage ; peu à