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on pût espérer surprendre la silhouette de Gaw ou un parti de poursuivants. Le nomade se glissa parmi la broussaille et parvint tout au haut de la colline. Il poussa une faible exclamation : Gaw venait d’apparaître sur une bande de terre rouge, terre de minium qui semblait arrosée du sang de troupeaux innombrables.

Derrière lui, à mille coudées, les hommes aux grands torses et aux jambes brèves avançaient en ordre éparpillé ; vers le nord, une deuxième troupe débordait. Toutefois, malgré la durée de la poursuite, le fils du Saïga ne semblait pas épuisé ; les Kzamms trahissaient une fatigue pour le moins égale à la sienne. Durant la longue nuit d’automne, Gaw n’avait pris le galop que pour se dérober aux embûches ou pour inquiéter les ennemis. Par malheur, les manœuvres des Kzamms l’avaient égaré ; il se dirigeait à l’aventure, sans plus savoir s’il était au couchant ou au midi du roc où il devait rejoindre le chef.

Naoh put suivre les péripéties de la chasse. Gaw filait vers un bois de pins au nord-est. La première troupe le suivait en formant une ligne brisée qui coupait la retraite sur un front de mille coudées. La deuxième troupe, qui débordait au nord, commençait à s’infléchir, de manière à atteindre le bois en même temps que le fugitif : mais, tandis que celui-ci l’aborderait par le sud-ouest, eux devaient y accéder par le levant. Cette situation n’était point désespérée, ni même très défavorable, pourvu que le fugitif obliquât vers le nord-ouest, dès qu’il se trouverait à couvert. Véloce, il lui serait facile de prendre une avance convenable et, si Naoh le joignait alors, ils pourraient prendre la voie du Grand Fleuve.

D’un coup d’œil bref, le chef reconnut la voie favorable : c’était une étendue broussailleuse, où il serait caché et qui le mènerait à la hauteur du bois, au couchant. Déjà, il se disposait à descendre de la colline, lorsqu’une péri-