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s’assit près de la flamme légère où étincelait son destin.

Le temps coula avec les eaux du Grand Fleuve et avec les rayons de la lune montante. Lorsque l’astre toucha le zénith, Naoh dressa la tête. Dans les mille rumeurs éparses, il reconnaissait un rythme particulier, qui était celui de l’homme. C’était un pas rapide, mais moins compliqué que celui des bêtes à quatre pattes. Presque imperceptible d’abord, il se précisa, puis, un élan de la brise apportant quelque émanation subite, l’Oulhamr se dit :

— Voici le fils du Peuplier qui a dépisté les ennemis.

Car aucun indice de poursuite ne se décelait sur la plaine.

Bientôt une silhouette flexible se dessina entre deux sycomores ; Naoh reconnut qu’il ne s’était pas trompé : c’était Nam qui s’avançait dans la nappe argentine du clair de lune. Il ne tarda pas à paraître au pied du tertre.

Et le chef demanda :

— Les Kzamms ont-ils perdu la trace de Nam ?

— Nam les a entraînés très loin dans le nord, puis les a devancés et il a longtemps marché dans la rivière. Ensuite, il s’est arrêté ; il n’a plus vu, ni entendu, ni flairé les Dévoreurs d’Hommes.

— C’est bien ! répondit Naoh en lui passant la main sur la nuque. Nam a été agile et rusé. Mais qu’est devenu Gaw ?

— Le fils du Saïga a été poursuivi par une autre troupe de Kzamms. Nam n’a pas rencontré sa trace.

— Nous attendrons Gaw ! Et maintenant, que Nam regarde.

Naoh entraîna son compagnon. Au tournant du tertre, dans une échancrure, Nam vit étinceler une petite flamme palpitante et chaude.

— Voilà ! fit simplement le chef. Naoh a conquis le Feu.

Le jeune homme poussa un grand cri ; ses yeux s’élar-