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herbes… Les veilleurs donnèrent l’alarme ; les Kzamms surgirent en désordre, avec de longs hurlements, et s’assemblèrent autour de leur chef. C’était un guerrier de stature médiocre, aussi trapu que l’ours des cavernes. Il leva deux fois sa massue, proféra des propos rauques et donna le signal.

Les Kzamms formèrent six groupes éparpillés en demi-cercle. Naoh, plein de doute et d’inquiétude, les regarda disparaître ; puis il ne songea qu’à conquérir le Feu.

Quatre hommes le gardaient, choisis parmi les plus robustes. L’un surtout paraissait redoutable. Aussi trapu que le chef, et de taille plus haute, la seule dimension de sa massue annonçait sa force. Il se tenait en pleine lumière. Naoh discerna la mâchoire énorme, les yeux ombragés par des arcades velues, les jambes brèves, triangulaires et massives. Moins denses, les trois autres n’en montraient pas moins des torses épais et de longs bras aux muscles durcis.

La position de Naoh était favorable : la brise, légère mais persistante, soufflait vers lui, emportait son émanation loin des veilleurs ; des chacals rôdaient sur la savane, émettant une odeur perçante ; il avait, par surcroît, gardé une des peaux conquises. Ces circonstances lui permirent d’approcher à soixante coudées du Feu. Il s’arrêta longtemps. La lune dépassait les peupliers, lorsqu’il se dressa et poussa son cri de guerre.

Surpris par son apparition brusque, les Kzamms l’épiaient. Leur stupeur ne dura guère : hurlant tous ensemble, ils levèrent la hache de pierre, la massue ou la sagaie.

Naoh clama :

— Le fils du Léopard est venu, à travers les savanes, les forêts, les montagnes et les rivières, parce que sa tribu est sans Feu !… Si les Kzamms lui laissent prendre