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XXXV

Tousjours pour mon sujet il faut que je vous aye
En peinture, pour voir vos deux Astres jumeaux,
Vos yeux, mes deux Soleils, qui feints me sont si beaux.
Qu’à trouver autre jour autre part je n’essaye.

Le chant du Rossignol m’est le chant d’une Orfraye,
Roses me sont Chardons, torrens me sont ruisseaux,
La Vigne mariée à l’entour des Ormeaux,
Et le Printemps au cœur me rengrege la playe.

Mon plaisir en ce mois c’est de voir les Coloms
S’emboucher bec à bec de baisers doux et longs,
Dés l’aube jusqu’au soir que le Soleil se plonge.

O bien-heureux Pigeons, vray germe Cyprien,
Vous avez par nature et par effect le bien
Que je n’ose espérer tant seulement en songe !