Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

I

En choisissant l’esprit vous estes mal-apprise,
Qui refusez le corps, à mon gré le meilleur :
De l’un en l’esprouvant on cognoist la valeur,
L’autre n’est rien que vent, que songe et que feintise.

Vous aimez l’intellect, et moins je vous en prise :
Vous volez, comme Icare, en l’air d’un beau malheur :
Vous aimez les tableaux qui n’ont point de couleur.
Aimer l’esprit. Madame, est aimer la sottise,

Entre les courtisans, afin de les braver.
Il faut en disputant Trimegiste approuver.
Et de ce grand Platon n’estre point ignorante.

Mais moy qui suis bercé de telle vanité.
Un discours fantastiq’ ma raison ne contante :
Je n’aime point le faux, j’aime la vérité.


[Pièce retranchée en 1584]