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IV

Mon page, Dieu te gard, que fait nostre Maistresse ?
Tu m’apportes tousjours ou mon mal ou mon bien :
Quand je te voy je tremble, et je ne suis plus mien,
Tantost chaud d’un espoir, tantosf froid de tristesse.
 
Çà baille moy la lettre, et pourtant ne me laisse,
Contemple bien mon front par qui tu pourras bien
Cognoistre en le fronçant ou défronçant, combien
La lettre me contente ou donne de détresse.

Mon page, que ne suis-je aussi riche qu’un Roy,
Je ferois de porphyre un beau temple pour toy.
Tu serois tout semblable à ce Dieu des voyages :

Je peindrois une table où l’on verroit pourtraits
Nos sermens, nos accords, nos guerres et nos paix,
Nos lettres, nos devis, tes tours et tes messages.