Page:Ronsard - Sonnets pour Hélène - 1921.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

LX

Je suis pour vostre amour diversement malade,
Maintenant plein de froid, maintenant de chaleur :
Dedans le cœur pour vous autant j’ay de douleur,
Comme il y a de grains dedans vostre Grenade.
 
Yeux qui fistes sur moy la première embuscade,
Des-attisez ma flame, et desseichez mes pleurs :
Je faux, vous ne pourriez : car le mal dont je meurs.
Est si grand qu’il ne peut se guarir d’une œillade.

Ma Dame croyez moy je trespasse pour vous :
Je n’ay artère, nerf, tendon, veine ny pous.
Qui ne sente d’Amour la fièvre continue.

La Grenade est d’Amour le symbole parfait :
Ses grains en ont encor la force retenue,
Que vous ne cognoissez de signe ny d’effait.