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LIX

Passant dessus la tombe où Lucrèce repose,
Tu versas dessus elle une moisson de fleurs :
L’eschaufant de souspirs, et l’arrosant de pleurs,
Tu montras qu’une mort tenoit ta vie enclose.

Si tu aimes le corps dont la terre dispose,
Imagine ta force et conçoy tes rigueurs :
Tu me verras cruelle entre mille langueurs
Mourir, puis que la mort te plaist sur toute chose.

C’est acte de pitié d’honorer un cercueil,
Mespriser les vivans est un signe d’orgueil.
Puis que ton naturel les fanstômes embrasse,

Et que rien n’est de toy, s’il n’est mort, estimé.
Sans languir tant de fois, esconduit de ta grâce.
Je veux du tout mourir pour estre mieux aimé.