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XXXVI

Maintenant que l’Hyver de vagues empoulees
Orgueillist les Torrens, et que le vent qui fuit
Fait ores esclatter les rives d’un grand bruit,
Et ores des forests les testes efeuillees :

Je voudrois voir d’Amour les deux ailes gelées.
Voir ses traicts tous gelez, desquels il me poursuit,
Et son brandon gelé dont la chaleur me cuit
Les veines que sa flame a tant de fois bruslees.

L’Hyver est tousjours fait d’un gros air espessi,
Pour le Soleil absent ny chaud ny esclairci :
Et mon ardeur se fait des rayons d’une face,

Laquelle me nourrit d’imagination.
Tousjours dedans le sang j’en ay l’impression,
Qui force de l’Hyver les neiges et la glace.