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XVI

Si vos yeux cognoissoyent leur divine puissance,
Et s’ils se pouvoyent voir, ainsi que je les voy.
Ils ne s’estonneroyent, se cognoissant, dequoy
Divins ils ont veincu une mortelle essence.

Mais par faute d’avoir d’eux-mesmes cognoissance,
Ils ne peuvent juger du mal que je reçoy
Seulement mon visage en tesmoigne pour moy.
Le voyant si desfait, ils voyent leur puissance.

Yeux, où devroit loger une bonne amitié.
Comme vous regardez tout le Ciel et la terre.
Que ne penetrez-vous mon cœur par la moitié ?

Ainsi que de ses rais le Soleil fait le verre,
Si vous le pouviez voir vous en auriez pitié.
Et aux cendres d’un mort vous ne feriez la guerre.