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78 I. LIVRE DES ODES

De corps et d’ame entre nous, Et qui loge par-sur tous En tes beaux vers sa fiance.

AVANT- VENUE DU PRINTEMPS.

ODE XIX.

Toreau, qui dessus ta crope Enlevas la belle Europe Parmy les voyes de l’eau, Heurte du grand Ciel la borne, Et descrouille de ta corne Les portes de l’an nouveau.

Et toy vieillard, qui enserre Sous ta clef ce que la terre Produit généralement. Ouvre l’huis de la Nature, Pour orner de sa peinture Les champs libéralement.

Vous Nymphes des eaux, qui estes Au frein des glaces sujettes. Levez vostre chef dehors. Et mollissant vostre course D’une trépignante source Frappez librement voz bors :

Afin que la saison verte Se monstre aux amans couverte D’un tapis marqué de fleurs, Et que la campagne face Plus jeune et gaye sa face Peinte de mille couleurs :

Et devienne glorieuse De se voir victorieuse Desur l’hyver pluvieux. Qui l’avoit trop offencée De mainte gresle eslancée Sous le vent injurieux.