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II. LIVRE DES ODES

Que tu vives par mes vers.
  L’ardeur de la Canicule
Le verd de tes bords ne brûle.
Tellement qu’en toutes pars
Ton ombre est espaisse et drue
Aux pasteurs venant des parcs.
Aux beufs laz de la charuë,
Et au bestial espars.
  Iô, tu seras sans cesse
Des fontaines la princesse,
Moy célébrant le conduit
Du rocher perse, qui darde
Avec un enroué bruit
L’eau de ta source jazarde
Qui trepillante se suit.

ODE X.

  Les trois Parques à ta naissance
T’avoient ottroyé le pouvoir
De ne mourir, ains que de France
Le dernier bord tu peusses voir.
  Or’ pour la fin de tes journées
Ton dernier voyage restoit
Icy dessous les Pirenées,
Où l’arrest de ta mort estoit.
  Toy morte, donc que la Bretaigne
Ta mère, ne se vante pas
De haquenée qui attaigne
Ta course, ton amble, ton pas :
  Ne moins les sablonneuses plaines
De la chaude Afrique, où souvent
Les jumens (miracle) sont pleines
Se mariant aveq’ le vent.

ODE XI.

Refraischy moy le vin de sorte
Qu’il soit aussi froid qu’un glaçon :