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DES ODES.

Tous les quatre s’entre-aimant
D’vne paiſible contrainte.

Stro. 2.

Adonc meſtant en ce grand Monde
Sa douce force vagabonde,
Les aſſeura d’vn doux repos :
Elle fiſt bas tomber la Terre,
Et tournoyer l’Eau qui la ſerre
De ſes bras vagues & diſpos :
Du Soleil allongea les yeux
En forme de fleches volantes,
Et d’ordre fiſt danſer aux Cieux
Le bal des eſtoiles roulantes :
Elle courba le large tour
De l’Air qui cerne tout autour
Le rond du grand parc où ſommes,
Peuplant ſa grande rondeur d’hommes
D’vn mutuel accroiſſement :
Car par tout où voloit la belle,
Les Amours voloient auec elle,
Chatouillans les cœurs doucement

Antiſtro.

Lors pour ſa iuſte recompenſe
Le ſainct Monarque qui diſpenſe
Tout en tous (dont le graue front
En ſe clinant pour faire ſine,
Croulle la terre & la racine
Du firmament iuſques au fond)
A la Paix aßigna le lieu
Du droict coſté de ſa puiſſance,
Le gauche ordonna pour le Dieu
Qui teta le ſang dés enfance.

A v