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DES ODES.
Epode.

Celuy qui d’vn reth pourchaſſe
Les poiſſons, ou ceſtuy-là
Qui par les montagnes chaſſe
Les beſtes deçà & là,
C’eſt afin qu’vn peu de proye
La Fortune luy octroye :
Mais l’homme plein de bon-heur,
Qui ſuit comme toy les Princes
Et les grands Dieux des prouinces,
C’eſt pour ſe combler d’honneur :

Stro. 2.

Laiſſant au peuple ignorant
Vn creuecœur deuorant,
Béant apres la vertu
Dont le ſage eſt reueſtu.
» Les vns en cecy excedent,
» Les autres cela poſſedent :
Mais Dieu deſſus les Rois met
Des richeſſes le ſomet.
Au Poëte qui s’amuſe
Comme toy de les vanter,
Calliope ne refuſe
De l’ouyr touſiours chanter.

Antiſtro.

Quand Phœbus s’efleue aux cieux,
L’ombre fuit deuant ſes yeux :
Ainſi où ta Muſe luit,
La ſourde Ignorance fuit,
Rendant les bouches muetes
De noz mal-heureux Poëtes,
Qui ſouloient comme pourceaux

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