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AV ROY.

D’vn ſi puiſſant Monarque eſt vn iour de pouuoir
Amener ton Francus ſuiuy de mainte trope
De guerriers, pour donter les Princes de l’Europe.
Mais il te faut payer les rais de ſon arroy :
Car il ne veut venir qu’en maieſté de Roy,
Bien qu’il ſoit fugitif, & qu’il n’ait en partage
Sinon du pere ſien l’adreſſe & le courage.
Außi tu porterois la honte ſur les yeux,
Si luy qui fut iadis l’ayeul de tes ayeux,
Le fils d’vn ſi grand Roy, venoit ſeulet en France
Donner aux peres tiens la premiere naiſſance.
Puis qu’il trouue en mes vers le vent ſi à propos,
Fay luy enfler la voile, & luy romp le repos
Qui le tient pareſſeux au riuage d’Epire
Fraudé de ſon chemin par la faute de Nauire,
De viures & des gens : ouurier ie ſuis tout preſt
De charpenter ſa Nef & dreſſer ſon appreſt
Pourueu que ta grandeur Royale fauoriſe
A ton ayeul Francus, & à mon entrepriſe.