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I. LIVRE

Vne parole luy montoit,
De ſouſpirs allegrement pleine
Tant l’affection l’agitoit,
Pour auoir deſia cognoiſſance
Combien ſes filles auront d’heur,
Ayant de pres veu la grandeur
Du Dieu qui planta leur naiſſance.

Epode.

Apres auoir relié
D’vn tortis de violettes
Et d’vn cerne de fleurettes
L’or de leur chef delié :
Apres auoir proprement
Trouſſé leur accouſtrement,
Marcha loin deuant ſa trope,
Et la haſtant iour & nuit
D’vn pied diſpos la conduit
Iuſqu’au riuage Æthiope.

Stro. 3.

Ces vierges encore nouuelles,
Et mal-appriſes au labeur,
Voyant le front des mers cruelles
S’effroyerent d’vne grand’ peur :
Et toutes pencherent arriere
(Tant elles ſ’alloyent eſmouuant)
Ainſi qu’au bord d’vne riuiere
Vn ionc ſe penche ſous le vent.
Mais leur mere non eſtonnée
De voir leur ſein qui haletoit,
Pour les aſſeurer les flatoit
De ceſte parole empennée.