Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
DES ODES.

Tu monſtrois nud le flanc,
Et monſtrois nud parmi la ruë
L’eſtomac & l’eſpaule nuë
Rougiſſante de ſang.
Mais la peine fut bien petite,
Si lon balance ton merite :
Le Ciel ne deuoit pas
Pardonner à ta laſche teſte,
Ains il deuoit de ſa tempeſte
L’acrauanter là bas.
La Terre mere encor’ pleurante
Des Geans la mort violante
Bruſlez du feu des Cieux,
(Te laſchant de ſon ventre à peine)
T’engendra vieille, pour la haine
Qu’elle portoit aux Dieux.
Tu ſçais que vaut mixtionnée
La drogue qui nous eſt donnée
Des païs chaleureux,
Et en quel mois, en queles heures
Les fleurs des femmes ſont meilleures
Au breuuage amoureux.
Nulle herbe ſoit elle aux montagnes,
Ou ſoit venimeuſe aux campagnes,
Tes yeux ſorciers ne fuit,
Que tu as mille fois coupée
D’vne ſerpe d’airain courbée,
Béant contre la nuit.
Le ſoir quand la Lune fouëtte
Ses cheuaux par la nuict muette,
Pleine de rage alors
Voilant ton execrable teſte