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II. LIVRE

S’enfuyant d’ici bas,
Imprima ſur ta terre
Le dernier de ſes pas :
Et s’encore à ceſte heure
De l’antique ſaiſon
Quelque vertu demeure,
Tu es bien ſa maiſon.
Bref, quelque part que i’erre,
Tant le Ciel m’y ſoit dous,
Ce petit coin de terre
Me rira par-ſus tous.
Là ie veux que la Parque
Tranche mon fatal fil,
Et m’enuoye en la barque
De perdurable exil :
Là te faudra reſpandre
Maintes larmes parmi
Les ombres & la cendre
De Ronſard ton ami.




ODE XIIII.



L’Inimitié que ie te porte
Paſſe celle tant elle eſt forte
Des Chameaux & des Ours.
Vieille ſorciere desbontée,
Que les bourreaux ont fouëttée
Le long des carrefours.
Tirant apres toy vne preſſe
D’hommes & de femmes eſpeſſe,