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II. LIVRE
CONTRE LES AVARI-
cieux, & ceux qui pres de la
mort baſtiſſent.


ODE IIII.


QVand tu tiendrois des Arabes heureux,
Et des Indois les treſors plantureux,
Voire & des Rois d’Aſſyrie la pompe,
Tu n’es point riche & ton argent te trompe.
Ie parle à toy qui erres
Apres l’or par les terres,
Puis d’elles t’ennuyant,
La voile au maſt tu guindes,
Et voles iuſqu’aux Indes
La pauureté fuyant :
Mais pour courir, le ſoin ne laiſſe pas
D’accompagner tes miſerables pas,
Bien que par toy mainte grand nef chargée
De lingots d’or fende la mer Egée.
Le gain qui te tourmente,
Suit le bien qui s’augmente,
Guidant de-çà de-là
Par les vagues ta vie,
Qui moins eſt aſſouuie,
Quand plus de biens ell’a.
Les larges ports de Veniſe & d’Anuers
De tous coſtez de tes biens ſont couuerts,