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DES ODES.

Et ce grand mareſt qui s’eſtend
Pres des léures de l’eau Pontides :
C’eſt là c’eſt là c’eſt où tu dois
Pour quelque temps donner tes lois :
C’eſt où l’arreſt des Dieux t’ottroye
Fonder encore vne autre Troye,
Reſuſcitant par ton moyen
L’honneur des tiens & leur proëſſe,
Ayant vangé deſſus la Grece
L’outrage fait au ſang Troyen.

Antriſtro.

Apres le cours de quelque année,
L’ire de Cerés forcenée
Pour deuot n’auoir ſatisfait
A ſes honneurs, toute mutine
Te contraindra par la famine
De quitter ton mur imparfait.
Horriblant ton corps de la peau
D’vn Tigre, deſia ce me ſemble
Ie te voy guider vn troupeau
De vingt mille Troyens enſemble :
Ie voy ce troupeau pelerin
Deſia bien loin outre le Rhin
Enrichir Troye de loüanges
Et du butin des Rois eſtranges,
Ayant trompé mille peris,
Ains que baſtir aux bords de Seine
Les murs d’vne ville hautaine
Du nom de mon frere Pâris.

Epode.

Ia defia i’entens la vois
De Seine qui te deſire,

A vj