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la vie de Michel-Ange

Il n’est pas vrai, comme on a voulu le faire croire,[1] que sa foi ait été indifférente au culte des saints et de la Vierge. Ce serait une plaisante idée que de faire un protestant de l’homme qui consacra les vingt dernières années de sa vie à bâtir le temple de l’apôtre Pierre, et dont la dernière œuvre, interrompue par la mort, fut une statue de saint Pierre. On ne peut oublier qu’à diverses reprises, il voulut entreprendre de grands pèlerinages, en 1545 à Saint-Jacques de Compostelle, en 1556 à Lorette, et qu’il faisait partie de la confrérie San Giovanni Decollato (Saint-Jean-Baptiste). — Mais il est vrai que, comme tout grand chrétien, c’est en Christ qu’il vécut et qu’il mourut.[2] « Je vis pauvre avec Christ », écrivait-il à son père, dès 1512 ; et, mourant, il pria qu’on le fît souvenir des souffrances du Christ. Depuis l’amitié, — surtout depuis la mort, — de Vittoria Colonna, cette foi prit un caractère plus exalté. En même temps que son art se consacrait à peu près exclusivement à la gloire de la Passion du Christ,[3] sa poésie s’abîmait

    triangulaire, avec trois rayons : — l’un, qui s’en allait vers l’Est, brillant et lisse, comme une lame d’épée polie ; et à la fin, il se recourbait eu crochet ; — l’autre, couleur de rubis, bleu rouge, qui s’étendait sur Rome ; — et l’autre, couleur de feu, fourchu, et de telle longueur qu’il atteignait jusqu’à Florence… Quand Michel-Ange eut vu ce signe divin, il alla dans sa maison chercher une feuille, une plume et de la couleur ; il dessina l’apparition ; et, quand il eut fini, le signe disparut… »

    (Fra Benedetto : Vulnera diligentis, troisième partie. Mss. Riccardianus 2985. — Cité par Thode, d’après Villari)

  1. Henry Thode.
  2. Quand Leone Leoni, en 1560, grava une médaille à l’effigie de Michel-Ange, celui-ci lui fit tracer sur le revers un aveugle, conduit par un chien, avec l’inscription : Docebo iniquos vias tuas et impii ad te convertentur. (Vasari)
  3. Crucifix, Ensevelissement du Christ, Déposition de croix, Pietà.
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