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III

SOLITUDE


L’anima mia, che chon la morte parla[1]


Ainsi, il vivait seul avec ces humbles amis : — ses aides et ses fous, — et avec d’autres amis plus humbles encore : ses animaux familiers, ses poules et ses chats.[2]

Au fond, il était seul, et il l’était de plus en plus. « Je suis toujours seul, écrivait-il à son neveu, en 1548, et je ne parle avec personne. » — Il s’était peu à peu séparé, non seulement de la société des hommes, mais de leurs intérêts mêmes, de leurs besoins, de leurs plaisirs, de leurs pensées.

La dernière passion qui le rattachât aux hommes de son temps, — la flamme républicaine, — s’était à son tour éteinte. Encore une fois, elle avait jeté une dernière lueur d’orage, au temps des deux graves maladies

  1. Poésies, CX.
  2. « Les poules et messer le coq triomphent, — lui écrit Angiolini, en 1553, pendant une de ses absences ; — mais les chats se désolent de ne plus vous voir, bien qu’ils ne manquent pas de pâture. »
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