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I

AMOUR


I’ me la morte, in te la vita mia.[1]


Alors, dans ce cœur dévasté, après que le renoncement fut accompli à tout ce qui le faisait vivre, une vie nouvelle se leva, un printemps refleurit, l’amour brûla d’une flamme plus claire. Mais cet amour n’avait presque plus rien d’égoïste et de sensuel. Ce fut l’adoration mystique de la beauté d’un Cavalieri. Ce fut la religieuse amitié de Vittoria Colonna, — communion passionnée de deux âmes en Dieu. Ce fut enfin la tendresse paternelle pour ses neveux orphelins, la pitié pour les pauvres et pour les faibles, la sainte charité.

L’amour de Michel-Ange pour Tommaso dei Cavalieri est bien fait pour déconcerter la moyenne des esprits, — honnêtes ou malhonnêtes. — Même dans l’Italie de la fin de la Renaissance, il risquait de provoquer des interprétations fâcheuses ; l’Arétin y faisait des allu-

  1. Poésies, LIX.
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