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Le succès passa tout ce qu’on pouvait attendre. Mainwaring dit « qu’on eût pris les auditeurs pour des fous. C’étaient des acclamations, des cris : Viva il caro Sassone ! des extravagances impossibles à raconter. La grandeur de ce style les avait frappés comme le tonnerre. » — Les Italiens avaient bien raison de se réjouir. Ils avaient fait en Hændel la plus glorieuse recrue, et l’Agrippina était le plus mélodieux des opéras italiens. Venise faisait et défaisait la gloire. L’enthousiasme soulevé par les représentations du San Giovanni Grisostomo se propagea dans l’Europe musicale.

Hændel resta tout l’hiver à Venise. Il semblait indécis sur le chemin qu’il allait suivre. Il n’est pas impossible qu’il songeât à passer par Paris[1]. — Que de choses eussent été changées, s’il y était venu alors, et s’il avait pu s’y établir, dans l’interrègne, entre Lully et Rameau ! Il avait ce que ne possédait aucun des musiciens français : une surabondance de musique. Et il n’avait point

    toriens contemporains de Hændel, — Mattheson, Marpurg, Burney, — et avec la date inscrite sur le libretto même. Elle contredit la thèse de Chrysander, (adoptée, à sa suite, par la plupart des musicologues de notre temps), suivant laquelle l’Agrippina aurait été jouée à Venise, dès le carnaval de 1708.

  1. Telle serait la raison pour laquelle il s’était fait la main au style vocal français, en écrivant ses 7 chansons françaises, dont le manuscrit a été soigneusement revu par lui, et porte la trace de corrections au crayon.