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l’action sur l’Europe. Il a été la première grande Voie de l’esprit qui relie, de l’Est à l’Ouest, tous les membres du Vieux-Continent. Maintenant la sillonnent, en l’un et l’autre sens, deux rivières de pèlerins.

Nous avons maintenant tous les moyens de connaître le sujet : car Paul Birukoff, pieux disciple du maître, a rassemblé en un volume sur Tolstoy et l’Orient les documents conservés[1].

L’Orient l’attira toujours. Tout jeune étudiant à l’Université de Kazan, il avait choisi d’abord la faculté des langues orientales arabo-turques. Dans ses années de Caucase, il fut en contact prolongé avec la culture mahométane, et il en subit fortement l’impression. Peu après 1870 commencent à paraître, dans ses recueils de Récits et Légendes pour les Écoles primaires, des contes arabes et indiens. Quand vint l’heure de sa crise religieuse, la Bible ne lui suffit point ; il ne tarda pas à consulter les religions d’Orient. Il lut considérablement[2]. Bientôt lui vint l’idée de faire profiter l’Europe de ses lectures, et il rassembla, sous le titre : Les pensées des hommes sages, un recueil, où l’Évangile, Bouddhâ, Laotse, Krishna fraternisaient. Il s’était convaincu, dès le premier coup d’œil, de l’unité fondamentale des grandes religions humaines.

Mais ce qu’il cherchait surtout, c’était le rapport direct avec les hommes d’Asie. Et dans les dix dernières années de sa vie, un réseau serré de correspondance se tressa entre Iasnaïa et tous les pays d’Orient.

De tous, c’était la Chine, dont la pensée lui était le plus proche. Et ce fut elle qui se livra le moins.

  1. Tolstoi und der Orient. Briefe und sonstige Zeugnisse über Tolstois Beziehungen zu den Vertretern orientalischer Religionen, von Paul Birukov, Rotapfel Verlag, Zürich u. Leipzig, 1925.
  2. Birukov a dressé, à la fin de son volume, une liste des principaux ouvrages sur l’Orient auxquels Tolstoy a eu recours.