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Le combat était terminé, le combat de quatre-vingt-deux ans, dont cette vie avait été le champ. Tragique et glorieuse mêlée, à laquelle prirent part toutes les forces de la vie, tous les vices et toutes les vertus. — Tous les vices, hors un seul, le mensonge, qu’il pourchassa sans cesse et traqua dans ses derniers refuges.

D’abord, la liberté ivre, les passions qui s’entrechoquent dans la nuit orageuse qu’illuminent de loin en loin d’éblouissants éclairs, — crises d’amour et d’extase, visions de l’Éternel. Années du Caucase, de Sébastopol, années de jeunesse tumultueuse et inquiète… Puis, la grande accalmie des premières années du mariage. Le bonheur de l’amour, de l’art, de la nature, — Guerre et Paix. Le plein jour du génie, qui enveloppe tout l’horizon humain et le spectacle de ces luttes, qui pour l’âme sont déjà du passé. Il les domine, il en est maître ; et déjà elles ne lui suffisent plus. Comme le prince André, il a les yeux tournés vers le ciel immense qui luit au-dessus d’Austerlitz. C’est ce ciel qui l’attire :