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ne s’appuie sur la loi de non-résistance au mal[1]. Et cette non-résistance est, a toujours été un trait essentiel du peuple russe.

Le peuple russe a toujours observé à l’égard du pouvoir une tout autre attitude que les autres pays européens. Jamais il n’est entré en lutte contre le pouvoir ; jamais surtout il n’y a participé, et par conséquent il n’a pu en être souillé. Il l’a considéré comme un mal qu’il faut éviter. Une antique légende représente les Russes faisant appel aux Variagues, pour venir les gouverner. La majorité des Russes a toujours mieux aimé supporter les actes de violence que d’y répondre ou d’y tremper. Elle s’est donc toujours soumise…

Soumission volontaire, qui n’a aucun rapport avec l’obéissance servile[2].

Le vrai chrétien peut se soumettre, il lui est même impossible de ne pas se soumettre sans lutte à

  1. « La loi de non-résistance au mal eat la clef de voûte de tout l’édifice. Admettre la loi de l’aide mutuelle, en méconnaissant le précepte de la non-résistance, c’est construire la voûte sans la sceller dans sa partie centrale. » (La Fin d’un Monde).
  2. Dans une lettre de 1900 à un ami (Corresp. inéd., p. 312), Tolstoï se plaint de la fausse interprétation donnée à son principe de la non-résistance. On confond, dit-il, « Ne t’oppose pas au mal par le mal »… avec « Ne t’oppose pas au mal », c’est-à-dire avec : « Sois indifférent au mal »… « Au lieu que la lutte contre le mal est le seul objet du christianisme et que le commandement de la non-résistance au mal est donné comme le moyen de lutte le plus efficace. »

    Que l’on rapproche cette conception de celle de Gandhi, — de