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Il pensait être arrivé au port, avoir atteint le refuge où son âme inquiète pourrait se reposer. Il n’était qu’au début d’une activité nouvelle.

Un hiver passé à Moscou (ses devoirs de famille l’avaient obligé à y suivre les siens)[1], le recensement de la population, auquel il obtint de prendre part, en janvier 1882, lui furent une occasion de voir de près la misère des grandes villes. L’impression produite sur lui fut effroyable. Le soir du jour où il avait pris contact, pour la première fois, avec cette plaie cachée de la civilisation, racontant à un ami ce qu’il avait vu, « il se mit à crier, pleurer, brandir le poing ».

« On ne peut pas vivre ainsi ! » disait-il avec des sanglots. « Cela ne peut pas être ! Cela ne peut pas être[2] !… » Il retomba, pour des mois, dans un désespoir affreux. La comtesse Tolstoï lui écrivait, le 3 mars 1882 :

  1. « J’avais passé jusque-là toute ma vie hors de la ville… » (Que devons-nous faire ?)
  2. Ibid.