Ô terre de Russie, ô grande Âme inconnue,
Debout là-bas
Rose de ta lumière boréale,
Et blême encore de la nuit du tombeau.
Ô terre de Tolstoï et de Dostoïewski,
Terre du vieil Herzen et du vieux Bakounine
Ô terre de Russie, grande âme aérienne.
Pays des hommes qui ont froid et faim,
Pays du fouet, des prisons, des proscrits,
Des enfants fusillés, des martyrs, du silence,
Ô Russie résignée, Ô Russie révoltée
Des forçats, des bourreaux,
Te voici, ô Russie, tu appelles tes fils.
Tes fils ! Tes fils errants !
Russie des jours d’espoir de l’an mil neuf cent cinq.
Russie ressuscitée
Au seuil de ce printemps d’un nouvel an maudit.
Ô terre de réveil, nous sommes tous tes fils.
Aide-nous, aide-nous, grande ressuscitée
Vois, dans l’écroulement du monde occidental,
Les anneaux mal rompus de la chaîne brisée
Se resserrent sur nous, et nos cœurs sont bien las.
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