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défiance devant ce calme nouveau. Il le soupçonnait de cacher, sous une trève passagère, un retour plus cruel du mal qui reprend haleine. Il connaissait déjà les répits que l’art procure. Quand pénètre en nos yeux la divine proportion des lignes et des couleurs, ou dans le creux voluptueux de la coquille sonore les beaux jeux variés des accords qui s’égrènent et se nouent, selon les lois des nombres harmonieux, la paix se fait en nous et la joie nous inonde. Mais c’est un rayonnement qui nous vient du dehors ; on dirait d’un soleil dont les feux lointains nous tiennent suspendus, fascinés, au-dessus de notre vie. Il ne dure qu’un temps ; et ensuite on retombe. L’art n’est jamais qu’un oubli passager du réel. Pierre, craintif, s’attendait à la même déception. — Mais le rayonnement,