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vivant : avant midi, tout le monde était dehors ; et les rues, les jardins, les terrasses des cafés, par cette après-midi radieuse et brûlante, avaient un air de fête.

Ce fut cette après-midi que Pierre et Luce avaient choisie pour aller, loin de la foule, dans les bois de Chaville. Ils vivaient depuis dix jours dans un calme exalté, une paix profonde au cœur, et les nerfs frémissants. On a le sentiment d’être sur un îlot, autour duquel tourne un courant frénétique : le vertige de la vue et de l’ouïe vous emporte. Mais, les paupières baissées, les mains sur les oreilles, quand le verrou est poussé sur la porte, au fond de soi soudain c’est le silence, silence éblouissant, le jour d’été immobile, où la Joie invisible, tel un oiseau caché, chante son chant, liquide et frais,